Samuel Mathieu, la gestion du patrimoine religieux de Montréal, la mutation d’un trésor culturel. La relecture de Montréal.

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Depuis la révolution tranquille, bien des changements se sont opérés dans le milieu du culte et de la religion catholique, plusieurs églises ont dû fermer leurs portes en raison du manque de pratiquants[i]. Ces bâtiments sont importants, même précieux pour les historiens de l’art, les architectes, les urbanistes et plus encore.  Comment  préserver ce patrimoine ?  Que fait-on d’une église abandonnée ? La majorité du temps, les églises ferment dû aux faibles revenus qu’elle apporte ainsi qu’au coût élevé de l’entretien.

Il existe cependant une autre solution que la destruction du bâtiment : celle de la reconversion. Ainsi, certaines églises deviennent des bibliothèques, des restaurants et même des centres d’escalade. Plusieurs cas sont répertoriés au Québec, ces nouvelles perspectives urbaines en ont intéressé plusieurs dont Samuel Mathieu, qui est présentement assistant de recherche et prochainement consultant culturel pour des dossiers touchants sur le patrimoine à la MRC des Pays-d’en-Haut.

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Samuel Mathieu, spécialiste du patrimoine bâti, gestionnaire de projets et consultant culturel – Photo Crédits- PL2 studio

 

Après ses études de premier cycle en design d’intérieur et ses études supérieures en gestion de projets à l’Université de Montréal, Samuel Mathieu a entrepris en 2011 un doctorat en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal. Ces études doctorales sont sous la direction et la supervision de Monsieur David B. Hanna, un spécialiste de la morphologie urbaine. Il réalise ses recherches sur le développement d’un modèle méthodologique de gestion du patrimoine religieux dans le contexte des quartiers péricentraux de Montréal[ii]. Actuellement, membre étudiant à l’Institut du patrimoine de l’UQAM, ou il siège au Conseil scientifique, Samuel Mathieu est également membre de l’ADUQ, de l’association en design urbain du Québec en plus d’être responsable des publications et responsable du concours littéraire 2014 pour l’événement, Lire Montréal.

Samuel Mathieu se concentre sur la reconversion de nombreux bâtiments à Montréal, mais s’intéresse également aux problématiques sociales envers ces bâtiments. Effectivement, la modification ou la reconstruction de ces lieux engendrent des enjeux supplémentaires toujours dans une vision artistique et culturelle. Il étudie présentement sur les agents influents autour de la protection de ces bâtiments et son impact social. Pour lui, il y a eu beaucoup d’investissements sur le patrimoine religieux dans le passé et l’urgence de trouver de nouvelles fonctions à l’heure actuelle démontre toute la phase de reconversion de ces bâtiments. Ce processus de transformation dans les anciens quartiers a engendré néanmoins de nombreux changements dans le paysage québécois.

Ces églises vides font partie du patrimoine culturel, n’ont plus l’identité de la paroisse, mais elles évoluent maintenant vers une nouvelle vocation que la pratique religieuse, vers une vocation touristique, communautaire et plus encore.  D’ailleurs, nous pouvons retrouver une partie de ces bâtiments à l’aide d’une application du nom de Mobi-Culte, un projet duquel Samuel Mathieu a participé. En effet, il a été chargé de la mise à jour de l’Inventaire des lieux de culte du Québec en dressant une liste de bâtiments totalement ou partiellement recyclés. De plus, Samuel Mathieu a participé au travail d’équipe d’un nouvel outil mobile Mobi-Culte, en détaillant les informations supplémentaires ainsi que les nouvelles fonctions de bâtiments avec l’aide de consultants externes. L’application mobile, Mobi-Culte[iii], permet de découvrir plusieurs bâtiments architecturaux et religieux qui se trouvent alors plus proche de la position du visiteur. L’interface est simple, intuitive et accessible pour les ordinateurs ainsi que pour les téléphones intelligents.

Aperçu du site Mobi-Culte

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Non seulement, Samuel Mathieu travaille sur l’étude de la reconversion des églises à Montréal, mais aussi sur la culture et le dynamisme artistique des différents quartiers de Montréal dont l’École Urbania[iv], sur le projet Imaginer Montréal. Le magazine Urbania et l’UQAM collaborent ensemble pour réaliser une deuxième édition de l’École Urbania en produisant conjointement une publication hors-série intitulée Imaginer Montréal qui sera diffusée gratuitement dès le 3 octobre prochain.

Cette publication présentera les 100 idées créatives et réalistes proposant une vision constructive pour Montréal autour de dix grands secteurs d’activités en lien avec la vie municipale, soit le design, le développement économique, l’environnement et le développement durable, la gouvernance et la vie démocratique, l’habitation et l’urbanisme, les sports et loisirs, le tourisme, le transport, la vie communautaire et la vie culturelle.

Pour ce faire, dix étudiants de l’UQAM issus de différents horizons vous partagent leurs propositions pour imaginer Montréal mieux et autrement.

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Imaginer Montréal par l’école Urbania

Imaginer Montréal sera distribué gratuitement en version papier à travers la ville dès le 3 octobre et sur notre site web. Il sera disponible en version PDF dans leur boutique. De plus, Imaginer Montréal s’inscrit dans la programmation de Mégaphone, une coproduction du Partenariat du Quartier des spectacles et l’Office national du film (ONF), et une création de Moment Factory. Installation interactive suscitant une réflexion sur la réconciliation entre l’individu et le collectif, Mégaphone permet aux citoyens de prendre publiquement la parole le long de la promenade des Artistes, face au pavillon Président-Kennedy de l’UQAM et de retranscrire leurs mots par un dispositif de projection sur la façade du pavillon. Mégaphone est présenté du 5 septembre au 4 novembre 2013[v].

Dans le même ordre d’idée, Samuel Mathieu a également été commissaire de Mathieu Baril, artiste en art visuels, dans le cadre de Lire Montréal qui est un événement ponctuel d’une durée de deux jours qui présente une variété d’activités explorant l’imaginaire d’un quartier montréalais. Cet événement permet de  « lire » un quartier en le révélant à travers un éventail de « lectures » (visites, expositions, ateliers, rencontres) et de médiums (photographie, littérature, cinéma, installations, etc.). Il permet aussi de mettre en valeur des lieux significatifs du quartier, dont des places publiques, des monuments, des lieux de rassemblement locaux et plus, encore. L’équipe met aussi de l’avant des lieux de diffusion et de création artistique déjà existants dans le secteur comme des petits théâtres, des galeries d’art, des ateliers, etc. Le projet comporte également un volet communautaire et social, car il favorise les rencontres interculturelles et interdisciplinaires en plus de faire découvrir les ressources de tout le quartier.

L’implication social et communautaire fait partie des intérêts de M. Mathieu car il fut également le directeur général de l’organisme L’Espace Relatif, avec Émilie de la Durantaye , autrefois situé dans le quartier Rosemont, L’Espace Relatif était un pas vers l’intégration sociale par les arts et la création d’événements. Les arts étaient le moteur d’une cohésion sociale auprès des personnes «à risque», des artistes de la relève et/ou professionnels et du milieu social populaire.

Samuel Mathieu est à la fois  coordonnateur du colloque organisé par la Faculté des arts de l’UQAM sous la direction de Madame Louise Poissant, doyenne sur les 50 ans de la Place des arts, gestionnaire de projet, consultant en patrimoine culturel bâti, chargé de cours à l’UQAM. Monsieur Mathieu conseille également aux étudiants, désireux de travailler dans le milieu culturel, de s’impliquer socialement et prendre conscience de ce qui se passe dans leur quartier ou dans leur ville. L’étudiant se  doit d’être aussi attentif aux besoins et aux opportunités qui s’offrent à lui, car toute implication peut vous faire connaître des gens importants du milieu qui apprennent à vous connaître. Il a constaté également que les études doctorales sont différentes du reste de la formation universitaire. Ainsi, pour lui, le doctorat permet de faire un grand pas dans la vie professionnelle et de s’entourer de professionnels du milieu[vi].

La plupart des projets ou des implications dans lesquels Samuel Mathieu s’investit ne se concentrent pas seulement au sein d’une seule communauté. Il explore à la fois la culture, l’aspect artistique, l’urbanisme, et plus encore. La diversité et la polyvalence de Samuel Mathieu démontre que le milieu culturel se présente sous plusieurs formes qui sont encore des sphères à explorer et  à considérer.

Article écrit par : Johanne Marchand, septembre 2013


[i]
[i] Pierre Vallée, L’Église catholique du Québec – Un patrimoine en danger, section Éthique et religion,  Le Devoir , 7 avril 2007, p.2

[ii]
[ii] Samuel Mathieu, « Les impacts du pluralisme religieux sur le cadre bâti en milieu urbain : Le cas de Montréal » : Site Observatoire des religions, Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal (CRCS, CRC-IPG), Mars 2012, p.1

[iii]
[iii] Pour télécharger l’application: http://mobiculte.ca/

[v] L’école Urbania, Urbania section Imaginer Montréal, http://urbania.ca/canaux/ImaginerMTL/4284/le-temps-est-venu-de-reimaginer-montreal

[vi]
[vi][vi] Entrevue avec Samuel Mathieu, Johanne Marchand, juin 2013, Café design, UQAM  enregistrement Mp3, 54min.

Site officiel : http://liremontreal.ca/,

Voir le site web : http://urbania.ca/canaux

Articles de Samuel Mathieu :

Samuel Mathieu, « Les impacts du pluralisme religieux sur le cadre bâti en milieu urbain : Le cas de Montréal » : Site Observatoire des religions, Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal (CRCS, CRC-IPG), Mars 2012, 19 pages.

                http://www.observatoiredesreligions.ca

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