Réflexion sur la relève

Maxime Boisvert

Réflexion sur la relève : Six peintres – deux écoles – trois lieux… Une rencontre

max1Brendan Flanagan, Corri-Lynn Tetz

Le titre de cette exposition décrit assez bien le projet; on nous présente six finissants à la maîtrise, ayant choisi la peinture et provenant soit de l’UQÀM, soit de Concordia. Leurs travaux sont présentés dans trois lieux différents : la galerie Lilian Rodriguez, B-312 et la galerie de l’UQÀM. On ne peut donc se faire une idée de l’exposition en se limitant à une seule de ces galeries. Outre la petite salle de la galerie de l’UQÀM qui est entièrement consacrée aux toiles d’Isabelle Guimond, les travaux de ces peintres de la relève sont dispersés dans les deux galeries restantes.  On a donc cherché à brouiller les cartes, puisqu’aucun nom ne figure sur les murs à côté des tableaux. Ces derniers sont d’ailleurs placés en alternance sur les murs de la galerie et non rassemblés par artiste. Ainsi, on ne sait pas d’entrée de jeu qui a fait quoi et de quelle université chacun vient. On peut bien sûr se munir du plan de la galerie pour répondre à cette question. Le jeu vaut pourtant la peine d’être joué.

Si on prend la peine de lire la documentation de l’exposition, on voit que la stratégie de présentation est réfléchie et on prend la mesure de sa pertinence.  Le fait de réunir tous ces finissants à la maîtrise, provenant de l’UQÀM ou de Concordia, est en fait une façon de poser plusieurs questions. C’est un très bon point que ces questions soient laissées ouvertes, car cela engage le spectateur dans un processus personnel de réflexion qu’il pourra bâtir selon ses propres références. Peut-on reconnaître un établissement d’enseignement, une philosophie de la peinture à travers la production de ces jeunes peintres? Comment structurer une pratique dans un médium au passé et à la tradition si lourds? On parle aussi d’estomper les limites, en incluant dans ce projet d’exposition deux écoles, l’une francophone, l’autre anglophone; trois lieux, soit une galerie universitaire (UQÀM), un centre d’artistes (B-312) et une galerie privée (Lilian Rodriguez). On peut se demander si les lieux d’exposition ont une incidence sur l’énonciation du discours des oeuvres ainsi que sur leur réception. L’intérêt réel de ce projet d’exposition réside davantage dans ces questionnements, qui sous-tendent la structure qu’on lui a donné, que dans les oeuvres elles-mêmes.

Certains thèmes, bien que traités de façons légèrement différentes, se retrouvent chez plusieurs artistes, peu importe leur lieu d’enseignement d’origine. Ces sujets sont souvent de l’ordre du microcosme personnel : lieux et objets du quotidien, portraits de proches, scènes banales. Peut-on interpréter cela comme un écho de la mise en scène de soi, de la glorification de l’ordinaire qu’encourage la présence envahissante des médias sociaux?

Quelques peintres se démarquent, comme Noémie Weinstein, avec des toiles qui mettent en tension espaces publics et impression de solitude. Brendan Flanagan, lui,  pousse une réflexion axée sur le médium en s’interrogeant sur le point de jonction entre le réel et le numérique.

En conclusion, il serait très intéressant de répéter cet exercice dans les années à venir pour ancrer une réflexion sur l’évolution du médium.

max2Brendan Flanagan, Corri-Lynn Tetz

Six peintres – deux écoles – trois lieux…Une rencontre
10 janvier – 22 février 2014
Galerie Lilian Rodriguez
Le Belgo, 372, rue Sainte-Catherine Ouest, espace 405, Montréal
Métro Place-des-Arts
Mercredi – vendredi : 12h à 17h30, samedi : 12h à 17h

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