Patricia Bérubé
À quelques heures de Montréal, la ville de Toronto, maintenant célèbre en raison de son improbable maire, est également un lieu où l’art occupe une place particulièrement importante. Un foisonnement de musées et de galeries permet de côtoyer les plus grands maîtres d’ici et d’ailleurs. Lors d’un récent voyage, j’ai eu la chance d’y visiter l’Art Gallery of Ontario. Si le bâtiment, entièrement rénové par le célèbre architecte canado-américain Frank Gehry[i], mérite en lui-même une visite, j’ai été particulièrement émerveillée par l’impressionnante sélection des œuvres de Lawren Harris au sein de la collection Thomson.
Durant les années 1900, l’art canadien a connu une période d’effervescence sans précédent et cela, entre autres, grâce au travail d’artistes nationalistes. Parmi ces derniers, on retrouve le Groupe des Sept, qui a façonné une représentation moderne du paysage canadien. Leur intention était de valoriser la topographie spécifique au Canada et de rompre avec les traditions académiques de l’époque. Bien que ces artistes aient cheminé ensemble durant de longues années, le travail de Lawren Harris se démarque de celui de ses collègues par ses expérimentations poussées sur la notion de la couleur et de la forme. Dans les années 1920, l’artiste, mu par son engouement grandissant pour la théosophie, voit son style figuratif initial se transformer. Il accorde alors une plus grande importance au ciel, mais aussi, et surtout, à la présence d’une lumière divine qui symbolise la sacralisation du paysage pour l’Homme. En parallèle de cette spiritualisation du paysage, une nouvelle période créative se développe chez Harris vers 1930 et celle-ci démontre bien l’intérêt de l’artiste pour la décomposition des formes présentes dans le paysage canadien.
Photo : Patricia Bérubé
Dans ses toiles, Harris parvient à schématiser les paysages du Nord canadien en démultipliant certains éléments, comme le ciel ou encore les montagnes, représentés par des formes géométriques possédant chacune leur propre jeu d’ombre et de lumière. Enfin, si l’utilisation des couleurs froides s’inscrit dans la continuité de sa production artistique, on constate que les ciels passent fréquemment d’une neutralité bien contrôlée à une profusion de rayons de soleil divin.
Photo : Nicolas Billardon
Artiste prolifique, Lawren Harris a produit énormément d’œuvres au cours de sa carrière, il n’est donc guère surprenant de retrouver son travail dans nombre de musées. Si le Musée des beaux-arts de Montréal présente quelques-unes de ses toiles, c’est au Musée des beaux-arts d’Ottawa, où l’on retrouve une multitude de tableaux et d’études provenant du Groupe des Sept, et à l’Art Gallery of Ontario qu’il faut aller afin de découvrir l’œuvre de ce peintre immense.
Art Gallery of Ontario
Collection permanente
317, Dundas Street West Toronto, Ontario, M5T 1G4
Mardi, jeudi – dimanche : 10h à 17h30, mercredi : 10h à 20h30
[i] Ago, «The New AGO : Frank Gehry’s Redesign ». En ligne. ‹http://www.ago.net/frank-gehry-redesigned-ago›. Consulté le 12 avril 2014.
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