Par Charline P.William
À l’occasion de ses quarante ans, la Centrale Galerie Powerhouse réserve au public une programmation toute spéciale afin de souligner ses nombreuses années d’implication dans la communauté artistique : la totalité des activités sera liée à la réutilisation des archives de la galerie. Mis sur pied en 1973, la Centrale est l’un des plus anciens centres d’artistes autogérés au Québec. Son mandat vise le développement des pratiques féministes en arts visuels.
En plus des résidences de recherche, la programmation de l’événement inclut des expositions, des performances et une soirée de célébration. Les artistes sélectionnées pour les résidences basent leur travail sur les archives de la galerie. Toutes les avenues sont envisagées. Par exemple, du 28 mars au 12 avril, Cynthia Girard a travaillé en collaboration avec Joannie Boulais, Lamathilde, Véronique Lépine, Natasha Rock et Kevin Rodgers à l’élaboration d’une exposition. Les œuvres présentées devaient être en lien (ou pas) avec les archives de la Centrale. K. G. Guttman veut quant à elle créer des rencontres entre les membres anciens et actuels de la galerie afin d’instaurer un dialogue intergénérationnel. Anne-Marie Proulx, Monique Moumblow ainsi qu’Anne Golden participeront aux résidences, proposant des points de vue diversifiés sur les archives de la Centrale.
Loom Music de Stacey Watson
Parmi les expositions à l’affiche, Wednesday Lupypciw a exposé conjointement avec Jenna Dawn du 25 avril au 10 mai. Lupypciw a présenté une vidéo qui se voulait un hommage ludique aux pratiques féministes, alors que Dawn a installé une machine à tisser portative dans l’espace de la galerie, en plus d’une installation participative composée d’objets emballés de papiers griffonnés en vert. Les visiteurs auront également la chance d’assister à une performance de Tanya Mars les 15 et 16 mai, accompagnée d’un cocktail et d’une présentation de l’œuvre de l’artiste. De cette idée de revisiter les archives de la Centrale découle une vision féministe de l’Histoire, basée sur l’absence de hiérarchie. Les artistes ont la possibilité de les réinterpréter selon leur vision de l’histoire de la galerie en utilisant le médium de leur choix. Même si la majeure partie de la programmation spéciale aura lieu ce printemps, le travail réalisé au cours des résidences sera présenté à la Centrale en automne. Le matériel documentaire accumulé lors des événements relatifs aux quarante ans de la Centrale servira à la production d’un catalogue, dont la sortie est prévue pour le mois de novembre 2014.
La Centrale organise également une grande fête pour célébrer son quarantième anniversaire. Le public est invité à se présenter à la galerie le 30 mai à 19 h, costumé de manière à rendre hommage à son artiste ou œuvre féministe préférée. L’objectif est de créer un échange de points de vue sur les pratiques artistiques féministes et d’éviter de poser un regard unidirectionnel sur celles-ci. Des prix seront attribués aux gens costumés, dont les déguisements seront immortalisés par un photomaton. L’artiste Noémi McComber prépare aussi une parade pour l’occasion et Sonja Zlatanova concocte un buffet performatif, toujours en lien avec l’Histoire. Les festivités se poursuivront à la Sala Rossa dès 22 h pour une soirée dansante qui sera aussi une collecte de fonds pour la Centrale. À travers ces activités festives, une grande place sera accordée à l’humour : le public et les artistes participantes seront libres de s’exprimer sur l’histoire de l’art féministe afin de garder en vue l’objectif de décentralisation du regard historique et de dissolution de l’autorité que représente l’Histoire.
La Centrale Galerie Powerhouse a été fondée à l’initiative de trois femmes du groupe Flaming Aprons, comme mentionné sur le site web de la galerie. Elles avaient au départ la volonté de créer un groupe de discussion pour échanger sur les difficultés des femmes artistes de voir leur travail reconnu et exposé dans les institutions établies. Le premier local de la galerie a été un 4 ½ sur la rue Greene, qui comprenait deux salles d’exposition. Grâce à l’implication de ses membres et des artistes exposant, elle fut incorporée un an après sa création sous le nom de Galerie et atelier la Centrale Électrique/Powerhouse Gallery & Studio. La galerie a toujours conservé son mandat de diffusion des pratiques d’artistes femmes et féministes. Ce mandat s’est toutefois élargi avec les années, visant dorénavant à l’inclusion de pratiques transdisciplinaires, voire extra disciplinaires. Cela s’inscrit dans l’idée du décloisonnement du canon en art, qui régit traditionnellement l’écriture de l’histoire de l’art. Dans la même optique, la Centrale sélectionne les projets relativement aux préoccupations des artistes plutôt qu’à leur genre. Le féminisme ne touche plus seulement le statut de la femme dans la société, mais également les identités sexuelles, qui ont été remises en question suite aux luttes féministes. Celles-ci s’étant poursuivies dans le contexte social, politique et culturel actuel, le mandat de la Centrale continue de répondre au besoin de la communauté artistique, même après quarante ans d’existence.
La Centrale Galerie Powerhouse
4296 boulevard Saint-Laurent, Montréal
Mardi à vendredi 11 h à 19 h
Samedi midi à 17 h
http://www.lacentrale.org