Empress of Ireland – le Titanic canadien

Par Flora Fiszlewicz

Le contexte

À Gatineau, au Musée canadien de l’histoire, a lieu une exposition temporaire sur l’Empress of Ireland. L’Empress of Ireland est un navire parti de Québec le 28 mai 1914 à destination de Liverpool. C’était une traversée de routine, sa 96e traversée de l’Atlantique, mais des circonstances en ont voulu autrement. 1057 passagers (immigrants, hommes d’affaire) et environ 500 hommes d’équipage avaient pris place à son bord ce jour-là. Le voyage commença normalement, chacun occupé à ses activités. La première partie du voyage, jusqu’à Pointe-au-Père, se déroula sans encombres, grâce au savoir-faire incroyable des pilotes qui conduisaient les navires entre Pointe-au-Père et Québec. Ces pilotes étaient spécialisés pour la navigation sur le fleuve Saint-Laurent, qui est très compliquée. La nuit suivant le passage de ce cap, soit le 29 mai, le brouillard était dense. Sur cette partie du fleuve, deux navires étaient très proches (trop proches) l’un de l’autre, l’Empress of Ireland et le Storstad, un charbonnier norvégien. De mauvaises suppositions, du brouillard qui rendait impossible à déterminer la position des deux navires, une avancée non prévue et on assistait à la collision à angle droit, à 1h55 du matin. La force de l’impact tua instantanément plusieurs passagers et les autres n’auront pas beaucoup plus de chance, puisque le bateau coule en moins de 20 minutes et que les secours n’arriveront pas sur les lieux avant 3h du matin.

À 3h10, les bateaux de secours arrivés sur les lieux ont mis leur canot à l’eau et recueilli très peu de survivants. Il s’agit de la plus grande tragédie maritime du Canada.

« Je voudrais seulement dire un mot…La tragédie soulève un choc comme ce pays n’en a jamais connu auparavant. » Robert Borden, Premier Ministre du Canada de l’époque.

L’exposition

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Vue de l’exposition
Crédits : Flora Fiszlewicz

L’exposition nous permet, l’espace de quelque temps, de nous glisser à bord de ce navire, de voyager en compagnie de personnes qui étaient du voyage et qui ont survécu ou non. On peut observer différents appareils de navigation, en apprendre davantage sur leur fonctionnement ainsi que sur l’immigration, les conditions de vie de l’époque, les avantages de voyager en 1ère et 2e classes, les circonstances et les suites de cette tragédie. La tension monte au fur et à mesure que l’accident se profile et nous ne sommes que des spectateurs impuissants qui vont assister à un naufrage. Cette partie est assez impressionnante, comprenant des projections de film de naufrage, le bruit de l’eau, des appels au secours, des cris dans la nuit qui se perdent bien vite…

Tout est retracé méticuleusement, du début à la fin.

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Vue de l’exposition
Crédits : Flora Fiszlewicz

C’est une catastrophe qui a secoué la petite ville de Rimouski, qui se situe à côté du lieu de l’accident. Cette ville de 3000 âmes en a recueilli 300 d’un seul coup, comme les secours se sont bien organisés. Rapidement, les proches ont su les noms des êtres chers qui sont disparus (bien que le matin de l’accident, le journal titrait qu’il n’y avait aucun survivant).

Une enquête sera par la suite mise en place afin de déterminer les causes de l’accident et de mettre en lumière la vérité sur cette affaire.

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Vue de l’exposition
Crédits : Flora Fiszlewicz

C’est une très belle exposition, superbement agencée, avec divers témoignages à découvrir et des activités proposées qui expliquent pourquoi cette tragédie a été éclipsée, 1914 sonnant le début de la Première Guerre mondiale…

Le Titanic canadien – l’Empress of Ireland
Jusqu’au 6 avril 2015
Musée canadien de l’histoire
100 rue Laurier, Gatineau
Lundi – mercredi, vendredi : 9h30 à 17h, jeudi : 9h30 à 20h, samedi et dimanche : 9h30 à 17h

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