Soft Revolvers, Myriam Bleau
Crédits : Severin Smith
Par Hélène Brouillet
La seizième édition d’ELEKTRA, festival international d’arts numériques, tenue du 13 au 17 mai 2015, proposait une programmation sous l’intitulé « Post-Audio ». Le festival a en effet abordé une thématique portant sur le pouvoir du son, « au-delà de l’audio ». L’évènement montréalais a pris place dans des lieux aux potentiels artistiques exceptionnels, incluant l’Usine C, la Société des Arts Technologiques, le Musée d’art contemporain, ou encore le Centre Phi, où plus de 30 artistes locaux et internationaux ont pu livrer des performances audiovisuelles, sonores et immersives.
Alva Noto et Byetone, Diamond version, 16 mai 2015, ELEKTRA 16, Usine C
Crédits : Gridspace
Le festival a également donné lieu au lancement de la première Biennale internationale d’art sonore (BIAS), axée spécifiquement sur l’audio pour se différencier de la Biennale internationale d’art numérique (BIAN) déjà existante, ainsi qu’à la neuvième édition du Marché international d’art numérique (MIAN), volet plus commercial d’ELEKTRA.
Le mot d’ordre d’ELEKTRA est bien la transdisciplinarité, résultant de la rencontre entre les nouvelles technologies numériques et le monde de l’art : musique, vidéo, cinéma, arts de la scène, design, jeu et installation sonore se voient ainsi greffés, perturbés, sublimés par des objets du numérique.
Alva Noto, Byetone et Atsuhiro Ito, Diamond version, 16 mai 2015, ELEKTRA 16, Usine C
Crédits : Gridspace
Myriam Bleau : fierté locale d’ELEKTRA
Entre plusieurs expériences sonores et visuelles intenses et de qualité, la performance de Myriam Bleau, jeune artiste locale, sort du lot.
Avec Soft Revolvers, l’artiste propose une performance audiovisuelle pour quatre toupies en acrylique transparent qu’elle a conçues elle-même. Le jeu technologique et musical dans la démarche de l’artiste est développé sur son site : « grâce à des senseurs placés à l’intérieur des interfaces, chaque toupie contrôle les sons d’une composition musicale électronique. Avec leur large circonférence et leur rôle comme instrument de musique, les toupies évoquent le DJing des tables tournantes et la culture hip-hop[i] ». C’est bien sur cet élément de la culture populaire que joue Myriam Bleau : la connotation au scratch, par la modification manuelle de la vitesse de lecture musicale, transparaît dans la couleur sonore choisie par l’artiste, à la décadence hip-hop caractéristique.
Myriam Bleau , Soft Revolvers
Crédits : Devin McAdam
L’effet giratoire des toupies se combine à un effet lumineux hypnotisant : des LEDs incorporés dans les objets s’animent au rythme de la composition. Une caméra filmant les mouvements de l’artiste propose une projection sur un écran à l’arrière de la scène, accompagnant la performance en temps réel.
Myriam Bleau, Softs Revolvers, 14 mai 2015, ELEKTRA 16, Usine C
Crédits : Gridspace
Avec Soft Revolvers, Myriam Bleau livre une performance hypnotique où le spectateur peut apprécier le pouvoir d’intervention de l’artiste. En effet, si les sons produits par les toupies numériques sont profilés, une part d’aléatoire est présente dans le comportement imprévisible des objets, où se crée alors un jeu sur les effets musicaux en temps réel.
ELEKTRA offre au spectateur une expérience prenante où les sens, en interaction, déstabilisent la perception habituelle du son et de l’image pour laisser place à une véritable expérimentation synesthésique et extatique.
http://elektrafestival.ca/
http://www.myriambleau.com/
[i] Myriam Bleau, en ligne, <http://www.myriambleau.com/>. Consulté le 17 juin 2015.