Guérir les maux de l’homme moderne par le biais de l’art

Par Catherine Lafranchise

L’exposition Jesus Had A Sister Productions, de l’artiste Dana Wyse, est présentée à La Centrale jusqu’au 3 septembre. Pour ce projet, l’artiste a transformé l’espace de la galerie en vitrine de produits pharmaceutiques fictifs censés procurer le remède contre tous les maux de l’homme moderne.
Montrant plus de cent emballages contenant divers remèdes, l’artiste fait un pied de nez au système capitaliste et à l’importance de la perfection dans une société où toute marginalité doit être cachée du reste du monde par peur de se faire montrer du doigt.

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Vue sur la vitrine
Crédits: Catherine Lafranchise

La publicité au service de l’art

Wyse vend au spectateur des remèdes tous emballés de la même façon : un carton broché sur un sac de plastique contenant un ou plusieurs cachets[i]. Elle se sert d’images tirées des publicités des années 1960 et de lettrages voyants pour amadouer le visiteur/futur client. En ajoutant sur certains articles la mention « As Seen on TV » ou même des codes-barres, Wyse emprunte aux méthodes publicitaires afin de doter ses produits de mentions ajoutées servant à accroître la notoriété de ceux-ci en vue de courtiser d’éventuels clients. Sur certains, elle indique même le prix en gros caractères, de façon à attirer l’œil du visiteur.

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Détails de deux œuvres de Dana Wyse
Crédits: Catherine Lafranchise

L’importance de l’industrie pharmaceutique

Proposant une gamme de remèdes diversifiés, Wyse peut guérir à la fois l’homosexualité[ii], raviver les passions, donner des super pouvoirs et feindre une grossesse. Sa pratique artistique démontre bien toute l’importance de l’industrie pharmaceutique dans la société actuelle. Au moindre mal ou à la moindre marginalité, on n’hésite pas à trouver un remède rapide, efficace et, surtout, chimique pour le contrer. En insérant les médicaments dans des pochettes transparentes, Wyse attire l’œil du passant qui est subjugué non seulement par l’étiquette racoleuse, mais aussi par la beauté tape-à-l’œil de la gélule insérée dans le sac.

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Détails de deux œuvres de Dana Wyse
Crédits: Catherine Lafranchise

Cette pratique n’est pas sans rappeler le film Limitless, où on fait l’éloge d’une pilule miracle qui décuple les capacités de l’homme pour lui faire accomplir de grandes choses et dont le protagoniste devient vite accro. Ceci évoque une nécessité supposée de l’humain à toujours se procurer quelque produit que ce soit pour améliorer ses performances, enrayer ses maux ou oublier ses problèmes.

Un art dérisoire et moqueur à apporter chez soi

Il est possible pendant toute la durée de l’exposition de se procurer les remèdes miracles de Wyse, vendus pour la modique somme de 9.99 $. Par ailleurs, une bonne partie des médicaments sont affichés dans la vitrine de la galerie et un gros autocollant orange est apposé sur celle-ci, affichant le prix en question pour faire un parallèle aux publicités qui défilent sur les chaînes d’infopubs.

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Mur de l’exposition
Crédits: Catherine Lafranchise

L’art dérisoire et moqueur de Wyse fait certes jaser, mais encourage aussi la conversation entre les spectateurs. Ainsi, chaque remède présenté nous amène à penser à quelqu’un de notre entourage qui pourrait en avoir grandement besoin un de ces jours.
Bref, si vous passez sur le boulevard Saint-Laurent au cours des prochains jours, n’hésitez pas à aller contempler la vitrine de La Centrale, qui présente une grande variété des remèdes pensés par Dana Wyse.

Jesus Had A Sister Productions – Dana Wyse
Jusqu’au 3 septembre
La Centrale Galerie PowerHouse
4296, boulevard Saint-Laurent
Métro Mont-Royal
Mardi – vendredi : 11 h à 19 h
Samedi : 12 h à 17 h
http://www.lacentrale.org/programmation/jesus-had-sister-productions

[i]La plupart des remèdes présentés contiennent des cachets, quelques-uns d’entre eux possèdent des seringues et autres objets loufoques.
[ii]En référence au remède sur lequel est inscrit « Guarantee the Heterosexuality of Your Child ».

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