Détail du tableau Intérieur avec une femme jouant du virginal, le 29 septembre 2015
Crédits : Amy Éloïse Mailloux
Par Amy Éloïse Mailloux
La plupart des Montréalais ont sans doute déjà vu, exposée au Musée des beaux-arts de Montréal, la toile Intérieur avec une femme jouant du virginal, d’Emanuel de Witte. Pour ma part, c’est dans le cadre d’un de mes premiers cours du baccalauréat en histoire de l’art à l’UQAM, soit le cours Analyse des œuvres d’art, donné par Lynn Bannon, que j’ai découvert cette œuvre. En effet, j’avais dû passer plusieurs heures au Musée pour analyser la composition de cette intrigante toile. J’ai donc été très intéressée lorsque j’ai appris que, grâce à un important don de BNP Paribas et de sa Fondation, l’œuvre avait pu être entièrement restaurée cette année.
C’est le 30 septembre dernier, lors d’un événement tenu au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), que l’œuvre restaurée a été dévoilée. Mise en valeur dans un nouveau cadre splendide entièrement doré, la toile affichait son plein potentiel grâce à un nouveau vernis approprié mettant en lumière les couleurs originales choisies par de Witte.
Agatha Sochon, restauratrice, Monique Vialatou, présidente BNP Paribas Canada, Sauveur Menella, vice-président à la communication de BNP Paribas au Canada, Jean-Jacques Goron et Alexandre Carelle, Fondation BNP Paribas, et Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM, lors du dévoilement de la toile restaurée, le 29 septembre dernier
Crédits : Amy Éloïse Mailloux
Dans un discours prononcé devant les invités, Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du Musée, a expliqué que le fameux tableau, peint par le maître hollandais Emanuel de Witte vers 1660, est en fait le premier tableau acheté par le Musée pour sa collection d’œuvres d’art anciennes, en 1894. Aujourd’hui, cette collection compte plus de 600 œuvres, dont 70 ayant été offertes par la famille Hornstein.
En 1972, une tentative de vol avait causé d’importants dommages à la toile, principalement deux perforations. L’œuvre a été restaurée deux ans après, mais les matériaux utilisés étant inadéquats pour cette œuvre, la nécessité d’une nouvelle restauration se faisait pressante. Celle-ci a été faite au sein du service de la restauration du Musée, principalement par Agatha Sochon, sous la supervision de Richard Gagné, chef du service. Le travail a pris plus de 1 450 heures pour être complété. Par ailleurs, l’œuvre est désormais munie d’un tout nouveau cadre, une reproduction d’un cadre existant du XVIIe siècle, fabriqué par John Davies of London, qui a ensuite été offert au Musée.
Emmanuel de Witte (Alkmaar vers 1617 – Amsterdam 1692), Intérieur avec une femme jouant du virginal, vers 1660-1667, huile sur toile, 97,5 x 109,7 cm
Crédits : Musée des beaux arts de Montréal
L’exemple de cette imposante restauration de l’œuvre Intérieur avec une femme jouant du virginal a été pour moi une révélation quant à l’incroyable travail qui est derrière une telle opération. Non seulement quant au nombre d’heures, mais aussi au niveau du nombre d’intervenants. C’est grâce à des mécènes que l’histoire de l’art peut continuer à prospérer et je considère que nous sommes chanceux d’être entourés de gens passionnés par l’art et faisant preuve d’une importante générosité. Dans ce cas-ci, c’est BNP Paribas Canada et la Fondation BNP Paribas, grâce au programme BNP Paribas pour l’Art, qui ont permis la restauration du tableau de de Witte, sans oublier l’important don du cadre par John Davies of London. Le programme BNP Paribas pour l’Art a déjà permis à la Fondation de financer la restauration de plus de deux cents œuvres et ensembles d’œuvres[i].
La restauration et le mécénat, bien que toujours mentionnés, sont selon moi trop peu mis de l’avant dans les milieux artistiques. C’est pourquoi j’ai souhaité présenter aujourd’hui cet exemple, qui est d’ailleurs documenté de façon très intéressante par un court-métrage intitulé Le tableau respacé : Emanuel de Witte à l’atelier de restauration, que vous pouvez visualiser par le biais du communiqué de presse[ii] présentant la restauration. (Lien hypertexte vers : https://www.mbam.qc.ca/a-la-une/restauration-dun-chef-doeuvre-demanuel-de-witte/)
L’ouvrage de Gaëlle Josse, accompagné du pamphlet explicatif distribué lors de l’événement du 30 septembre dernier.
Crédits : Amy Éloïse Mailloux
Enfin, l’œuvre Intérieur avec une femme jouant du virginal sera exposée dans le nouveau Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein, dont on prévoit l’inauguration pour la fin 2016. Par ailleurs, pour explorer une autre interprétation du tableau, l’auteure Gaëlle Josse a publié, en 2011, une nouvelle intitulée Les heures silencieuses, en s’inspirant des mystérieux personnages y figurant.
[i] « Musées », BNP Paribas, en ligne. <http://www.bnpparibas.com/fondation-bnp-paribas/culture/musees>. Consulté le 6 octobre 2015.
[ii] Restauration d’un chef d’œuvre d’Emanuel de Witte, Musée des beaux-arts de Montréal, 1e octobre 2015, en ligne. <https://www.mbam.qc.ca/a-la-une/restauration-dun-chef-doeuvre-demanuel-de-witte/>. Consulté le 6 octobre 2015.