Par Patricia Bérubé
Fondateur du festival Elektra en 1999, puis de la Biennale internationale d’art numérique (BIAN) quelques années plus tard, Alain Thibault nourrit une véritable passion pour le monde du numérique et des nouvelles technologies. J’ai eu le plaisir de discuter avec lui à propos de la troisième édition de la BIAN, intitulée AUTOMATA qui sera présentée à Montréal du 3 juin au 3 juillet prochain, alors que la dix-septième édition d’Elektra se tiendra du 1er au 5 juin.
Robotlab (DE) : Bios [bible]
© Robotlab
P : De quelle manière cette troisième édition de la BIAN se distingue-t-elle des deux précédentes ?
A : Lors de la première édition de la BIAN, PHENOMENA, le but était de montrer aux gens à quel point la technologie rythmait leurs vies sans qu’ils en soient conscients. La seconde édition, PHYSICAL/ITÉ, encourageait plutôt le public à revoir leur relation par rapport aux machines d’une manière positive. Cette année, AUTOMATA jette un regard sur le futur afin d’essayer d’entrevoir ce qui s’en vient en traitant de l’immortalité, dans le sens où les machines constitueront la prochaine étape de l’évolution humaine. Cette thématique est intéressante puisqu’elle est devenue actuelle, surtout en 2015 dans les médias, avec certaines sorties traitant de la robotisation de notre monde. Le domaine de l’intelligence artificielle engendre beaucoup de questionnements et de craintes dont l’influence est perceptible jusque dans le milieu culturel. Aussi, cette année nous avons accès à l’espace d’Arsenal art contemporain pendant un mois, ce qui permet de créer un momentum et de forger une meilleure identité à la BIAN, même au niveau de l’assistance, car les gens sauront qu’ils peuvent aller voir une exposition majeure dans un lieu fixe.
Louis-Philippe Demers et Bill Vorn, Inferno
© Gregory Bohnenblust
P : Quelles sont les œuvres incontournables de la BIAN 2016?
A : Il faut absolument venir voir la performance INFERNO, qui aura lieu à Arsenal les 3 et 4 juin prochains. Pour cette œuvre, deux artistes d’origine montréalaise ont fabriqué vingt-cinq exosquelettes qu’ils contrôleront et qui pourront être portés par les gens du public. Ces derniers feront donc partie de l’œuvre en prenant part à cette chorégraphie orchestrée par Louis-Philippe Demers et Bill Vorn. Il faut aussi aller voir l’exposition à Arsenal.
P : Quel est le ratio d’artistes internationaux par rapport aux artistes locaux ?
A : Si on regarde l’ensemble de la Biennale, incluant les expositions satellites, je pense que c’est bien équilibré. À Arsenal, il y a plus d’artistes internationaux parce que j’ai travaillé avec une co-curatrice asiatique et j’avais davantage le contrôle sur le choix des œuvres. Pour moi, c’est la qualité des œuvres qui importe, ainsi que le respect de la thématique choisie. J’accorde également une importance au ratio hommes et femmes, car il tend à y avoir moins de femmes en art numérique, bien que la cela commence à changer. En ce qui concerne l’exposition à Arsenal, j’ai voulu mélanger des artistes appartenant au réseau de l’art numérique avec des artistes qui s’identifient surtout à l’art contemporain.
Minha Yang, Running women
© Minha Yang
P : Quel est l’impact de la BIAN sur Montréal ?
A : Au-delà d’un impact sur l’émergence d’artistes locaux pour qui l’événement sert de véritable tremplin, je remarque qu’il existe désormais des investissements spécifiques au niveau de la création numérique, comme au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), par exemple.
Accueillant la Suisse comme pays à l’honneur pour sa troisième édition, la BIAN témoigne bien de l’intérêt croissant pour un art dit numérique et promet, une fois de plus, de nous en mettre plein la vue.
Pour en connaître davantage sur la programmation de la BIAN et du festival ELEKTRA, visitez leur site web, leur page Facebook (BIAN et Elektra) leur page Instagram ou leur Twitter.
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