Nuit étoilée à la Fonderie Darling

Par Juliette Marzano-Poitras

Mercredi dernier, gens d’affaires et de la communauté artistique se sont rencontrés à la soirée-bénéfice annuelle de la Fonderie Darling. Cette année, sous le thème Ad Astra : Constellation d’artistes, la soirée soulignait le 10e anniversaire des ateliers d’artistes et le vernissage des deux expositions estivales du lieu de diffusion et de création. 81 250$ ont été amassés pour l’occasion : un montant qui promet faire prospérer le programme de résidences de la Fonderie Darling.

« Toutes nos passions reflètent les étoiles. [i]»
Fondée en 1994, la Fonderie Darling acquiert en 2006 le bâtiment adjacent à ses salles d’exposition. Cet ajout rendra possible la création de douze ateliers où sont parrainés annuellement huit artistes montréalais et quatre provenant de l’international. Ce riche programme de résidences concorde avec la mission dont se dote le centre d’art, à savoir de soutenir la création, la production et la diffusion d’œuvres d’art visuel et de les rendre accessibles à la pluralité des publics.

Pour cette édition, la locution latine ad astra — littéralement « vers les étoiles » — était bien choisie, puisque la Fonderie concrétise sa 10e année de lutte et d’efforts pour consolider la présence d’un centre d’art dans une ancienne zone postindustrielle, ainsi qu’à guider les artistes dans leur démarche artistique. Cette force de caractère, qui qualifie notamment la fondatrice et directrice artistique Caroline Andrieux, affirme l’idée que l’art et la culture sont également des vecteurs économiques et sociaux stimulants.

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Vue de la galerie principale sur l’installation de Ulla Von Brandenburg, It Has a Golden Orange Sun and an Elderly Blue Moon, 2016.
© Juliette Marzano-Poitras

Bienvenue dans l’atelier !
Pour l’occasion, les ateliers étaient ouverts au public, donnant ainsi la chance aux curieux d’explorer et de rencontrer les artistes en résidence. Parmi eux, on comptait entre autres Nadia Myre et ses fameuses compositions perlées, critiques des attitudes coloniales ; David Arseneau et son univers virtuel réalisé autour de la figure de Freddy, de la série d’horreur Friday the 13th ; Yann Pocreau avec ses propositions esthétiques sur la matérialité de la lumière et Celia Perrin Sidarous, dont la démarche tourne autour de la mise en scène et du détournement par la photographie de natures mortes contemporaines.

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Vue sur l’atelier Celia Perrin Sidarous
© Juliette Marzano-Poitras

D’un atelier à l’autre, les visiteurs pouvaient croiser sur leur chemin des performances étonnantes, telles que celle de Pascale Théôrêt-Groulx : vêtue de sous-vêtements beiges, cette dernière s’efforçait d’appliquer des poils à sa peau nue, pour incarner un chat.

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Performance de Pascale Théôrêt-Groulx, 2016
© Juliette Marzano-Poitras

Du soleil et des plantes
Alors qu’elle entrait en résidence à la Fonderie Darling dix ans auparavant, l’artiste allemande Ulla Von Brandenburg fait un retour en force avec son installation It Has a Golden Orange Sun and an Elderly Blue Moon. Il s’agit d’une grande installation conçue en accord avec l’espace de la galerie et qui amalgame théâtre, danse, cinéma et plasticité visuelle. À travers des jeux de réflexions et de mises en abyme, le spectateur est invité à se promener à travers l’installation, qui est également reprise dans une vidéo. Ce retour au bercail, orchestré par la Fonderie Darling, marque une fois de plus la force de l’institution à propulser les créateurs vers les étoiles, ou dans le cas de l’artiste soumissionnaire au prestigieux prix Marcel Duchamp 2016, vers le soleil.

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Ulla Von Brandenburg, It Has a Golden Orange Sun and an Elderly Blue Moon, 2016, installation et vidéo
© Soad Carrier

La plus petite salle était dédiée à Catherine Lescarbeau et à son Département des plantes. À travers une recherche exhaustive, cette dernière s’est affairée à archiver les plantes d’intérieur pour interroger leur rôle et leur usage au sein des espaces institutionnels austères. Un peu à la manière d’une critique institutionnelle, son travail s’est particulièrement penché sur le sort de ces végétations décoratives, qui, également victimes des coupures d’austérité, ont subi l’éviction des bureaux fédéraux.

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Renaud Auguste-Dormeuil, I Will Keep A Light Burning, installation
© La Fonderie Darling

La soirée s’est conclue sur l’installation I Will Keep A Light Burning de l’artiste français Renaud Auguste-Dormeuil. À la lueur du soir, 500 bougies étaient allumées et disposées par terre selon l’emplacement des étoiles. Or, cette organisation céleste sera seulement visible à l’oeil l’humain dans une centaine d’années. Décidément, la Fonderie Darling est résolue à regarder vers l’avenir.

Parmi les nombreuses expositions estivales à Montréal, celles-ci sont de toute évidence incontournables ! Jusqu’au 21 août, les deux salles de la Fonderie Darling sont ouvertes au public.

La Fonderie Darling
745, rue Ottawa
Métro Square-Victoria
Mercredi : 12 h à 19 h, jeudi : 12 h à 22 h et vendredi — lundi : 12 h à 19 h

En en-tête: Performance de Mystic Insights Ltd., 2016. © La Fonderie Darling


[i]Victor Hugo, La légende des siècles. Le Groupe des Idylles, VII (1877), n. p.

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