NEIGHBORHOOD : l’univers surréaliste de PONY

Par Catherine Lafranchise

Le 10 juin dernier avait lieu le lancement de la nouvelle collection Still Optimiste de PONY dans sa boutique éphémère sur le boulevard Saint-Laurent. L’ouverture de NEIGHBORHOOD[i], qui avait lieu en pleines festivités du Festival Mural, est le fruit d’une collaboration gardée secrète depuis des mois avec Camille Boyer, LM Chabot et Sid Lee Collective. Ces derniers ont réalisé et concrétisé les concepts de PONY dans des photographies évoquant l’univers déjanté de l’artiste.

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© Catherine Lafranchise

Boutique ludique dans un univers surréaliste
La boutique éphémère regorge d’objets inusités et s’apparente davantage à une exposition ludique qu’à un endroit où faire des achats. Dès qu’on pénètre le local, on se retrouve immédiatement dans un autre univers où surréalisme et culture populaire s’allient pour créer une atmosphère farfelue. Ainsi, le sol est en partie recouvert d’un tapis imitant la pelouse et on retrouve à droite de l’entrée une balançoire que l’on peut utiliser à notre guise pour s’évader et s’immerger complètement dans le concept de PONY. Au centre de la pièce reposent d’énormes coussins de formes inusitées, tel un nez, des yeux et un doigt, disposés sur un socle recouvert, encore une fois, du fameux tapis gazon. Au fond de la pièce se trouve un écran de projection pour rejouer les matchs de basketball de l’équipe fétiche de l’artiste ainsi qu’un panier de basket accompagné de ballons en peluche. Et puis, complètement à gauche, se trouvent les fameux vêtements et accessoires de la collection Still Optimiste.
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© Catherine Lafranchise

Sur le mur de droite sont exposées les photos nées de la collaboration avec le collectif. Ces six photographies, de formats assez imposants, sont des mises en scène imaginées par l’artiste et permettent de concrétiser son univers de création. En les regardant juxtaposées ainsi les unes aux autres, on peut réellement voir une influence marquée par la culture populaire et, particulièrement, celle des années 1990 qui se reflète dans les illustrations apposées sur ses vêtements. Ces photographies ont, à mon avis, une influence directe du mouvement surréaliste, car des actions et objets improbables y prennent vie sous nos yeux : les ballons de basket fondus, un homme Monsieur Patate et une partie de Roche, papier, ciseaux se concrétisent tous sous nos yeux.
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Basket, M. Patate & Roche Papier Ciseaux
© LM Chabot & PONY

PONY travaille avec des couleurs flamboyantes, que ce soit dans ses illustrations ou ses vêtements et accessoires. Ces contrastes de couleurs appliqués dans ses photographies accentuent le fait que les mises en scène semblent insensées et désaxées de la réalité.

L’imaginaire de l’enfance traduit
L’artiste utilise des thèmes reliés à l’enfance pour les œuvres M. Patate et Roche Papier Ciseaux. Dans la première, on reconnaît parfaitement l’iconographie du fameux jouet Monsieur Patate, avec lequel il était possible de composer et recomposer un visage. Si le jouet avait une forme arrondie et des piquets plantés de chaque côté en guise de mains et de pieds, ici, les pièces du Monsieur Patate sont apposées sur le visage d’un humain.

Dans Roche Papier Ciseaux, on voit la réalisation concrète de ce jeu qui oppose une roche, un papier et une paire de ciseaux. Si, dans le jeu, l’action était imaginée et sans conséquences, PONY pousse plus loin le concept et figure probablement ce que plusieurs enfants imaginaient alors qu’ils y jouaient, c’est-à-dire que le perdant se faisait réellement couper les doigts.

Ainsi, ces œuvres s’inscrivent dans l’esthétique surréaliste des années 1930-1940 en raison de l’improbabilité de ces situations incongrues qui prennent vie d’une façon quelconque sous nos yeux. Même si la démarche n’est pas faite dans un mode de pensée libre et axée sur l’automatisme des mains, il n’en reste pas moins que la traduction de l’imaginaire enfantin de ces photographies n’est pas sans rappeler le travail de René Magritte et de ses collègues surréalistes.
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Post-it, Piscine & Chien champion
© LM Chabot & PONY

Un concept, une expo, une boutique
J’ai bien aimé la concrétisation de cette boutique ludique éphémère, car je crois qu’elle s’adapte bien dans un concept d’appréciation de l’art au sens large. Autrement dit, on s’y déplace pour acheter des items qui sont présentés dans un contexte et une démarche artistique forte. Le concept même de la boutique repose sur l’exposition et la mise en contexte de l’univers de l’artiste. Cependant, hâtez-vous, car la boutique fermera ses portes à la fin juillet !

NEIGHBORHOOD
Jusqu’au 31 juillet
3770, boul. Saint-Laurent
Métro Saint-Laurent
Lundi – jeudi : 14 h à 21 h, vendredi : 12 h à 21 h, samedi – dimanche : 11 h à 18 h


[i]NEIGHBORHOOD est le nom de la boutique éphémère qui sera ouverte jusqu’au 31 juillet prochain.

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