Par Patricia Bérubé
Marquant un tournant important au sein des institutions muséales et des espaces d’exposition, l’ère du numérique impose à celles-ci un nouvel environnement auquel elles doivent s’adapter. Les musées, tout comme les galeries, doivent désormais faire preuve d’innovation, mais surtout d’ouverture face aux progrès technologiques et à leur inclusion graduelle dans la muséographie. Parallèlement, ces transmutations engendrent bon nombre de réflexions quant au rôle du musée et à son recours à la médiation. Bien que nous soyons désormais familiers avec l’idée d’une médiation culturelle, certains considèrent qu’elle n’est pas accessible à tous. Développer une médiation dite intellectuelle, voilà justement le projet d’Exeko.
Projet ROSES — Alexandra Pastena
© Exeko
Créé à Montréal en 2006, Exeko est un organisme à but non lucratif cherchant à encourager l’inclusion de populations placées en marge de la société. L’organisme a été fondé par Nadia Duguay et François-Xavier Michaux qui, aujourd’hui encore, dirigent cette équipe comprenant plusieurs départements, en plus de pouvoir compter sur l’appui de près de cent cinquante bénévoles. Leur démarche s’avère particulièrement intéressante, mais surtout efficace, puisqu’ils considèrent qu’il est primordial d’intégrer la culture dans leur boîte à outils pour le changement social. Afin de réaliser divers projets, l’équipe de médiateurs se déplace directement sur le terrain pour encadrer les participants à l’aide d’une médiation à la fois culturelle et intellectuelle. En fait, la médiation intellectuelle constitue une pratique pédagogique et philosophique visant la création de situations égalitaires afin d’encourager une réflexion collective et de partager des connaissances diverses[i]. En 2014, Exeko crée son Comité de Recherche en Médiation Intellectuelle (CRMI) afin de soutenir le développement de la pratique de la médiation intellectuelle en publiant des articles et des documents de codification.
Culture partagée aux Grands Ballets Canadiens de Montréal, mars 2016
© Exeko
Ayant eu l’occasion de m’entretenir avec Sandrine Le Tacon, chargée des projets spéciaux au sein de l’organisme, j’ai pu en apprendre davantage sur leurs activités. Qu’il s’agisse de sorties culturelles inclusives, d’ateliers d’expression libre, de microbibliothèques fixes et mobiles, ou encore de mises en scène de contes traditionnels autochtones, Exeko offre une grande diversité de projets reliés à la culture. Ces derniers s’adressent à des gens qui se trouvent, bien souvent malgré eux, placés dans différentes situations d’exclusion sociale et issus de divers milieux : communautés autochtones, milieu populaire, milieu carcéral, jeunes à risques et personnes ayant une déficience intellectuelle, entre autres. De plus, quelques-unes de ces activités impliquent directement les communautés, augmentant du même coup leur impact social.
Maison de rêve, idAction Mobile
© Exeko
Croyant fermement en l’égalité des intelligences, Exeko souhaite, par son implication et les nombreuses expériences qu’il offre, provoquer progressivement un mouvement de transformation sociale. Pour ce faire, il importe de différencier le savoir et la capacité de réflexion, puisqu’aucune de ces notions n’a d’incidence sur l’autre. Exeko reconnaît donc l’existence de tous les types d’intelligences pouvant être développés à travers la diversité des parcours de vie individuels : sociale, spatiale, émotionnelle, interpersonnelle, logicomathématique, verbolinguistique, existentielle, corporelle-kinesthésique, etc. Il en va de même pour la reconnaissance de la diversité créative engendrée par chaque type d’intelligence susmentionné.
À travers la reconnaissance des codes existants au sein de notre culture québécoise, Exeko croit qu’il est possible de transformer notre définition de la société afin qu’elle soit plus inclusive.
Pour participer à l’un de ces projets, consultez le lien suivant :
http://exeko.org/benevoles-montreal
[i]Exeko, Théorie de la transformation sociale, Version 5 du document, mai 2015, p. 50.
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PATRICIA BÉRUBÉ | RÉDACTRICE WEB Après ses études au Centre NAD en animation 3D, Patricia s’est jointe à l’équipe de Vox Populi pour travailler sur l’émission «Et Dieu créa… Laflaque». Ensuite, elle a œuvré dans le domaine de la simulation médicale au sein de CAE Santé à titre d’illustratrice médicale 3D. En automne 2013, pour renouer avec sa passion pour l’art, elle a effectué un retour aux études à l’UQAM dans le cadre d’un baccalauréat en histoire de l’art et en muséologie. En plus d’avoir un grand intérêt pour les arts, Patricia adore voyager et profite de ses voyages pour visiter le plus grand nombre de musées possible. Elle effectue présentement un échange étudiant à Paris et terminera son baccalauréat au Québec à l’automne 2015. Elle fait partie de l’équipe de la revue Ex_situ depuis janvier 2014. Pour plus d’articles écrits par Patricia Bérubé, cliquez ici. |