Par Catherine Lafranchise
Situé au Parc du Cinquentenaire à Bruxelles, le Musée Royal de l’Armée et d’Histoire Militaire est aménagé dans les enceintes de ce bâtiment historique depuis 1923. Cependant, la création du musée remonte aux années 1910, au moment de l’exposition universelle. Dès ses débuts, la collection du musée s’est révélée hétéroclite puisqu’elle était bâtie sur les différents legs de gouvernements étrangers et de divers objets délaissés par les Allemands durant la Première Guerre mondiale[i]. Ce faisant, la collection actuelle du musée regorge de plusieurs sections remplies d’objets variés tels que la salle des armes et des armures, l’espace des blindés et une salle destinée à l’aviation, en plus de couvrir les deux Guerres mondiales.
Vue de la salle air & espace
© Catherine Lafranchise
D’importants travaux en cours
Depuis 2012[ii], d’importantes restaurations ont cours au musée, dans le but d’actualiser la médiation proposée et de s’adapter aux nouveaux publics. Pour quiconque ayant visité le musée avant sa grande phase de réactualisation, il était clair que des changements étaient nécessaires. En effet, les objets étaient conservés dans de gros présentoirs vitrés sans ventilation, ce qui altérait sérieusement leur préservation[iii]. Les cartels, jaunis par le temps, étaient rédigés en petits caractères dactylographiés et retenus par des épingles sur les tableaux. Les chartes de descriptions et l’association des cartels aux objets étaient difficiles à comprendre. De plus, certains cartels de la salle historique ont été rédigés pendant l’époque coloniale de la Belgique et utilisaient des mots/expressions qui ont aujourd’hui une certaine connotation raciste. Les salles regorgeaient, voire même débordaient d’objets, si bien qu’on ne savait plus où donner de la tête.
Vue de la salle historique, toujours en attente d’être rénovée
© Catherine Lafranchise
Un écart visible entre les deux types de médiation
Lors de ma visite l’hiver dernier, j’ai constaté un fort contraste entre les différentes salles du musée depuis ses rénovations, puisque celles-ci sont toujours en cours : environ la moitié des salles a été refaite. La salle air & espace était alors un bon exemple de l’ancien type de médiation. Le long de la verrière, réparti sur deux étages, se trouvait un bon nombre d’objets hétéroclites dont on peut sérieusement questionner la présence dans ce lieu d’exposition. En effet, ceux-ci étaient présentés pour la plupart sans cartels et, surtout, sans lien précis avec une partie importante de l’histoire. Cela m’a donné l’impression que le musée possède tous ces objets (probablement grâce à un legs) et se voit dans l’obligation de montrer l’entièreté de sa collection même si la pertinence des objets avec le thème de la salle laisse parfois à désirer. Les mannequins disposés dans les différents chars d’assaut ou décors étaient carrément d’une autre époque et amplifiaient l’écart visible entre les différents types de médiation.
Un des mannequins de la salle air & espace
© Catherine Lafranchise
La salle 1919-1945, qui a été réactualisée durant les travaux, met en valeur les pièces les plus importantes de la collection tout en donnant des informations complètes et pertinentes sur les artefacts présentés. Chaque parcelle de la salle est divisée de manière à rassembler des éléments du même thème. Les objets sont pour la plupart isolés en petits groupes et très bien éclairés. Les sections se veulent épurées et vont droit au but. Il n’y a pas que des présentoirs, mais aussi de courtes vidéos. Puisque cette partie du musée est située aux deuxième et troisième étages de l’aile ouest, elle est fort probablement visitée en dernier. Le contraste est tel qu’on se demande si on est toujours dans le même lieu.
Vue sur la salle russe complètement rénovée
© Catherine Lafranchise
Actualisé, mais pour combien de temps?
Au rythme où vont les travaux et vu le nombre de salles qui attendent encore d’être rénovées, force est de constater que le musée ne présentera pas une médiation uniforme avant longtemps. Les modèles de médiation ont fortement évolué dans les vingt dernières années grâce à la technologie numérique et vont sûrement continuer sur cette lancée. On peut donc se questionner sur la permanence des travaux effectués, puisque lorsque ceux-ci seront achevés et que le musée présentera une médiation uniforme, il est fort à parier que tout sera à refaire peu de temps après.
Musée Royal de l’Armée de de l’Histoire Militaire
Bruxelles, Belgique
[i]Information reprise sur le site officiel du Musée Royal de l’Armée et de l’Histoire Militaire de Bruxelles.<http://www.museedelarmee.be/>. En ligne.
Consulté le 17 septembre 2016.
[ii]Musée Royal de l’Armée et de l’Histoire Militaire , «Le Musée royal de l’Armée : Un musée en travaux – Un musée au travail!», communiqué de presse. En ligne.
Consulté le 17 septembre 2016.
[iii]C’est d’ailleurs toujours le cas pour la salle historique.
CATHERINE LAFRANCHISE | RÉDACTRICE WEB Catherine a complété un DEC en design de mode au Collège Lasalle. Puis, voulant théoriser son amour pour l’art, elle a entrepris un baccalauréat en histoire de l’art à l’Université de Montréal. Durant ses études, elle a eu la chance de faire un échange étudiant à l’Université Libre de Bruxelles où elle a consommé de l’art à outrance. Ensuite, elle a complété un DESS en gestion d’organismes culturels à HEC Montréal. Elle s’est impliquée dans le milieu de l’art, notamment pour l’Association Complot X, la Galerie Trois Points, l’Association des galeries d’art contemporain et le Techno Culture Club. Depuis 2015, elle s’investit dans l’événement MuseomixMTL et agit à titre de responsable des bénévoles & des visites guidées. Elle est rédactrice pour Ex_situ depuis 2014. Pour plus d’articles écrits par Catherine Lafranchise, cliquez ici. |