À perte de vue / Endless Landscape : faire exister le paysage

Par Benoit Solbes

Le centre d’artistes AXENÉO7, en collaboration avec le centre de production DAÏMÔN, la Galerie UQO et le Centre national des Arts de Gatineau, a proposé du 28 juin au 30 août 2017 l’exposition À perte de vue / Endless Landscape. Cette initiative s’est inscrite dans la programmation Gatineau 2017, initiée par la Ville et soutenue aussi par le programme Nouveau chapitre, du Conseil des arts du Canada, dans le cadre des célébrations entourant les 150 ans du pays.

Comme le précise AXENÉO7 : « À perte de vue est une occasion unique de découvrir des œuvres inédites d’artistes canadiens exceptionnels réunis dans un décor impressionnant pour des circonstances exceptionnelles[i]. »

Ainsi, les artistes The Bomford Studio, Michel de Broin, Alexandre David, Noémie Lafrance et Peter Jacobs, Nadia Myre et The Ogimaa Mikana Project, Graeme Patterson, Dominique Pétrin et Samuel Roy-Bois ont réalisé sept installations in situ et des séries de performances inédites[ii].

L’exposition s’est déployée dans le complexe sportif de la Ville de Gatineau, autrefois fonderie de la société Hull Iron and Steel Foundries, un des vestiges du patrimoine industriel de Gatineau. Cet édifice de 58 000 pieds carrés de verre et d’acier sans colonnes offre une vue imprenable sur la ville. En été, la chaleur provoquée par l’effet du soleil sur la verrière, avoisinant parfois les 40 °C, contre-indique toute activité physique à l’intérieur. Par voie de conséquence, l’opportunité a été prise par AXENÉO7, dont les locaux actuels sont ceux de l’ancienne filature de la Hull Iron and Steel Foundries, d’investir les lieux[iii].

L’objectif a été de créer des connexions visuelles et symboliques entre les œuvres d’une part, mais aussi, d’autre part, avec l’espace, concrétisant la mémoire mouvante de la ville. Ainsi, il est possible de considérer cette exposition au travers du prisme de l’appropriation du lieu et du jeu sur l’intérieur et l’extérieur, marquant l’importance de la vue sur Gatineau dans l’espace d’exposition, et vice versa. De plus, le contexte des célébrations canadiennes enrichit le sens des propositions artistiques en abordant le thème de la mémoire, que celle-ci soit du lieu, de la ville, du Canada, voire du monde. Enfin, ancré sur le territoire, mais aussi sur une vision globale, un dernier sous-texte apparaît : celui de la résistance à l’ordre.

Pour enrichir ces propositions, AXENÉO7, DAÏMÔN et la Galerie UQO ont articulé leur programmation autour de l’exposition À perte de vue / Endless Landscape, montrant tout le dynamisme culturel et les collaborations possibles entre les structures gatinoises.

À perte de vue : une appropriation de l’espace
La chaleur du lieu, due à l’effet de réverbération du soleil contre le vitrage l’été, a été mentionnée précédemment. Cette contrainte a été prise en compte par les artistes Cedric, Jim et Nathan Bomford, dans leur installation architecturale La tour de refroidissement. Leur approche s’axe autour de l’improvisation : ils s’adaptent au milieu dans lequel ils présentent leur travail de manière évolutive. Ainsi, les Bomford proposent au spectateur une structure s’inspirant des tours de refroidissement industrielles, mais aussi, de la soufflerie du Conseil national de recherches Canada, qui se situe près de l’aéroport d’Ottawa. Cette tour est articulée autour d’un échafaudage central sur lequel on peut marcher dessus, dessous ou dedans. À intervalles réguliers, un système de climatisation envoie de l’air. De ce fait, le public peut se poser à l’intérieur de l’installation pour savourer la fraîcheur, ou la gravir, afin de profiter d’une vue imprenable sur l’espace d’exposition, et sur les autres œuvres.

Cedric, Jim & Nathan Bomford (collectif), « La tour de refroidissement / The Cooling Tower », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Cette question du panorama qui s’offre à l’intérieur, mais aussi en dehors, se trouve judicieusement posée par Alexandre David dans Field. Il propose une structure en bois recyclé de projets antérieurs s’inspirant d’une estrade, que l’on peut retrouver sur les terrains de sport. Cependant, celle-ci est tournée vers l’extérieur, permettant une ouverture visuelle sur Gatineau. L’artiste offre ainsi une porte de sortie symbolique à l’environnement clos de l’édifice, créant un dialogue entre la ville et l’espace d’exposition.

Alexandre David, « Field », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Jonathan Lorange / AXENÉO7.

Alexandre David, « Field », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs et les participants, répétition pour les performances du 16 et du 23 août 2017, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Isabelle Aubin / AXENÉO7.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs, performance du 23 août 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Cette incursion de l’extérieur vers l’intérieur fait un lien avec l’œuvre de Samuel Roy-Bois, Tout est fragile / Le perchis. Dans cette proposition, l’artiste s’est inspiré de la présence de pelouse synthétique reconstituant un terrain de soccer à l’intérieur du complexe sportif. Par extension, un espace naturel domestiqué s’inscrivant dans une architecture bâtie par l’homme. Samuel Roy-Bois a représenté une forêt, lieu permettant à l’imaginaire individuel du public de s’ouvrir, composée de perches de bois colorées rappelant des crayons de couleur. Il propose ainsi aux spectateurs de déambuler au travers de cette hétérotopie[iv]. Sur ces perches, des objets oubliés dans le centre sportif sont posés aléatoirement : chaussures, vestes, chandails, etc. Ces vestiges du passage d’autres individus marquent la vie du lieu et nous permettent, en tant que spectateur, d’inventer leur(s) histoire(s).

Samuel Roy-Bois, « Tout est fragile / Le perchis », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs, performance du 23 août 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo. : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

La mémoire, la trace, la transmission
Ce rapport avec la possible réinterprétation d’un objet laissé par d’autres se retrouve dans l’œuvre de Dominique Pétrin, UFO Canada. Cette fresque de papier sérigraphié recouvre les murs de l’entrée du complexe. Elle aborde la question de la transmission d’une manière ludique : une colonie de 150 extraterrestres s’implante au Canada et découvre les vestiges de notre civilisation. Quel(s) regard(s) portent-ils sur notre culture au travers des artéfacts tels que des gobelets du Tim Hortons ou des billets du Canadian Tire ? D’un côté, ce recul sur nous-mêmes, et de facto, la perception de l’Autre que nous propose cette œuvre, poussent à la réflexion sur notre civilisation et sur ses éléments constitutifs. De l’autre, l’artiste interroge la notion d’archive et d’assimilation d’un patrimoine culturel et sa possible surinterprétation.

Dominique Pétrin, « UFO Canada », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Jonathan Lorange / AXENÉO7.

Dominique Pétrin, « UFO Canada », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Ceci fait écho à la question de la mémoire, et notamment à la dimension politique de celle-ci, qui est au centre de l’œuvre collaborative Thunderbird Watches the River. Make an Offering and Take Water into the Palm of your Hand, de l’artiste Nadia Myre et du collectif Ogimaa Mikana (Hayden King et Susan Blight). Cette initiative s’inscrit dans les luttes autochtones, et plus particulièrement, dans le devoir de mémoire et de reconnaissance de ces populations. Le collectif propose une installation sur la façade de la fonderie, visible de l’extérieur. Cette œuvre s’intègre dans le paysage urbain, marquant ainsi concrètement la présence de ce pan de mémoire de la ville. Elle est constituée d’une multitude d’affiches reprenant le motif mythologique amérindien de l’Oiseau-tonnerre. À certains endroits, des espaces vides forment les mots « Ki Da Nish Kwasse ». Ceci signifie dans le dialecte anishinaabeg de Barriere Lake « Toucher à sa fin ». Les artistes symbolisent ici l’idée d’une fin pouvant prendre diverses formes, que ce soit celle de la destruction de l’environnement, de la colonisation ou des conflits fonciers, qui ne manquent pas (encore) de marquer l’actualité canadienne. Par cette initiative, Nadia Myre et Ogimaa Mikana accentuent la notion de résistance : celle face aux dominations, mais aussi, face à l’oubli.

Nadia Myre et The Ogimaa Mikana Project (Hayden King & Susan Blight), « Thunderbird Watches the River. Make an Offering and Take Water into the Palm of Your Hand », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Jonathan Lorange / AXENÉO7.

La résistance à l’ordre
La question de la résistance est abordée par la chorégraphe et réalisatrice Noémie Lafrance et le comédien, réalisateur et dramaturge Peter Jacobs. Dans leur performance proposée deux fois au cours de l’exposition, ils partent du postulat que nous, en tant qu’individu, sommes influencés par les infrastructures qui régissent nos mouvements et par extension, notre façon de penser. Ils invoquent l’idée que nous sommes dominés chorégraphiquement. Reprenant le concept de bio-politique[v] développé par Michel Foucault, Lafrance et Jacobs soulignent que le pouvoir politique intervient aussi au travers du corps, rendant certaines actions impossibles voire inimaginables.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs et les participants, répétition pour les performances du 16 et du 23 août 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Isabelle Aubin / AXENÉO7.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs et les participants, répétition pour les performances du 16 et du 23 août 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Michel Dozois / AXENÉO7.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs, performance du 23 août 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo. : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Ce rapport au mouvement qui régit notre psyché semble faire écho à la proposition de Michel de Broin, Make Soccer Great again. L’artiste a clôturé les marquages au sol du terrain de soccer. Ainsi, l’espace est obstrué et complique la circulation par ces frontières arbitraires, nous obligeant, par là même, à les enjamber. Le titre de l’œuvre n’est pas sans rappeler le célèbre slogan de Donald Trump, « Make America Great Again », dont le programme politique s’appuie en grande partie sur la construction d’un mur à la frontière du Mexique. Michel de Broin exprime ainsi toute la vacuité de cette initiative par la métaphore du terrain de football clôturé. L’enjambement marque dès lors un acte politique de résistance par la volonté de s’affranchir de ces frontières et de l’idéologie de ceux qui les construisent.

Michel de Broin, « Make Soccer Great Again », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau. Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Michel de Broin, « Make Soccer Great Again », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau. Crédit photo : Jonathan Lorange / AXENÉO7.

Noémie Lafrance et Peter Jacobs et les participants, répétition pour les performances du 16 et du 23 août 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Isabelle Aubin / AXENÉO7.

Cette idée de circonscrire l’espace pour tenter de créer une zone de sécurité, mais aussi, démontrer la domestication de la nature par l’homme, se trouve traitée de manière ludique par Graeme Patterson dans son œuvre Piscine infinie. L’artiste propose trois piscines hors sol grandeur nature dans lesquelles sont représentées quatre maquettes de piscines enterrées, chacune d’elles séparées par des clôtures rappelant l’œuvre de de Broin. Cette image d’une nature domestiquée par l’homme reprend ses droits, par le truchement de 150 étourneaux en résine, disposés au-dessus des piscines. Ceux-ci défèquent à intervalle régulier un liquide noir, remplissant les piscines miniatures jusqu’à saturation. On peut constater ici l’invasion de la nature dans les espaces standardisés, qui sont représentés par les jardins avec piscines. On se rend compte dès lors, que même protégé derrière un espace circonscrit, une clôture ou un mur, un élément perturbateur, en l’occurrence la nature, pour Graeme Patterson, trouvera toujours un moyen de s’inviter. Mais finalement, l’eau noire qui remplit les piscines se retrouve recyclée par un système de tuyau, qui retourne aux oiseaux afin qu’ils puissent reproduire le processus en boucle, l’un trouvant son utilité par l’autre.

Graeme Patterson, « Piscine infinie / Infinity Pool », 2017, vue partielle, La Fonderie
À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Justin Wonnacott / AXENÉO7.

Graeme Patterson, « Piscine infinie / Infinity Pool », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau.
Crédit photo : Jonathan Lorange / AXENÉO7.

Une programmation hors les murs
Le lien entre intérieur et extérieur, qui est significatif dans l’espace d’exposition, a été mentionné précédemment. Cela se conforte avec les programmations du centre d’artistes AXENÉO7, du centre de production DAÏMÔN, mais aussi de la Galerie UQO, faisant écho aux thèmes abordés dans le cadre de À perte de vue / Endless Landscape. Ainsi, pour aller du complexe sportif à DAÏMÔN, il se déploie un parcours de 7 installations sonores appelé INTERSTICES. Les 6 propositions présentées à l’extérieur sont réalisées par Audiotopie, Adam Basanta, Nicolas Bernier, Geert-Jan Hobijn, Christof Migone et Sonia Paço-Rocchia. L’œuvre d’Alaska B, Let the Destructiveness of Sorcerers, Their Gods and Protectors Descend Upon Themselves, est présentée dans les locaux du centre. Celle-ci s’inspire d’une citation du bouddhiste tibétain Garchen Rinpoche. L’idée est qu’une âme pure est intouchable, et de ce fait, qu’elle peut combattre l’ignorance et la mort en laissant son ennemi s’autodétruire par son propre pouvoir. Afin de donner corps à ce concept, elle aborde les luttes LGBTQ dans une installation mélangeant des influences diverses : celle d’un clip de pop music pour le son et la lumière, mais aussi, plastiquement, de tombes chinoises. Cette installation renvoie dans un premier temps au deuil porté par une communauté décimée, notamment par le SIDA et les exterminations massives marquant l’actualité[vi], et symbolise, dans un second temps, les différentes luttes pour l’égalité. Ainsi, Alaska B réoriente les questions « Qui es-tu ? » et « D’où viens-tu ? » vers « Qui sommes-nous ? » et « Où allons-nous ? »

Adam Basanta, « Triad », 2017, vue partielle, INTERSTICES — Un parcours d’œuvres sonores, DAÏMÔN.
Crédit photo : AM Dumouchel / DAÏMÔN.

Sonia Paço-Rocchia, « 04v01 », « Lames », 2017, INTERSTICES — Un parcours d’œuvres sonores, DAÏMÔN.
Crédit photo : AM Dumouchel / DAÏMÔN.

Alaska B, « Let the Destructiveness of Sorcerers, Their Gods and Protectors Descend Upon Themselves », 2017, vue partielle, INTERSTICES – Un parcours d’œuvres sonores, DAÏMÔN.
Crédit photo. : Mélissa Mourez / DAÏMÔN.

Cette question d’une identité commune se trouve posée par l’exposition de Justin Wonnacott, Images d’art à AXENÉO7, dans La Filature. Le photographe a sillonné la capitale nationale entre 2001 et 2005 et en 2015 afin de photographier les œuvres d’art public, symboles d’un patrimoine commun partagé. Il a réalisé 350 images, dont 80 sont exposées à AXENÉO7. Dans sa démarche, l’artiste aborde les questions entourant la pérennité de ces œuvres : vont-elles durer ? Doivent-elles durer ? D’où viennent-elles et pourquoi sont-elles-là ? Wonnacott s’approche aussi de l’archive dans la mesure où certaines des œuvres photographiées ont disparu, leur image devenant alors un témoignage de la mémoire de la ville.

Justin Wonnacott, exposition « Images d’art / Pictures of Art », 2017, vue partielle,
À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7 (La Filtature), Gatineau.
Crédit photo : Jonathan Lorange/AXENÉO7.

Ce lien entre l’art public et l’espace public, et, par extension, ce qui constitue l’identité d’un territoire, a été un des points abordés dans les soirées de conférences et de discussions, appelées Points de vue, et proposées par la Galerie UQO. Chaque mercredi de juin à août, elles réunissaient des artistes de l’exposition – Cedric et Jim Bomford, Michel de Broin, Alexandre David, Graeme Patterson, Dominique Pétrin, Samuel Roy-Bois et Justin Wonnacott — et des conférenciers invités — Louise N. Boucher, Steven Loft, Suzanne Paquet, Jonathan Shaughnessy, Ryan Stec et Jakub Zdebik. Elles ont donné l’occasion de souligner les enjeux soulevés par l’exposition d’œuvres monumentales inédites dans ce lieu industriel : notamment les questions autour de la conservation d’art public éphémère, ou encore la présentation d’œuvres dans des lieux patrimoniaux marquant l’histoire d’un territoire et enrichissant, de fait, le sens des œuvres réalisées in situ.

La synthèse des différents éléments proposés dans cette analyse s’articule autour de cette citation, mise en avant dans le catalogue de l’exposition, tirée du discours de Serge Bouchard, anthropologue, de mai 1998 : « Les paysages n’existent pas, il faut les faire exister. Et quand on réfléchit à propos du paysage, on réfléchit d’abord sur l’ordre culturel des choses, en un lieu donné, à un moment donné, dans un environnement donné[vii]. »

À perte de vue / Endless Landscape
Du 28 juin au 30 août 2017
AXENÉO7
La Filature
80, rue Hanson, Gatineau
La Fonderie — Centre multisport de Gatineau
211, rue Montcalm, Gatineau
Du jeudi au dimanche : 12 h à 18 h et mercredi : 12 h à 22 h

En bannière:Alexandre David, « Field », 2017, vue partielle, La Fonderie, À perte de vue / Endless Landscape, AXENÉO7, Gatineau
Crédit photo : Jonathan Lorange / AXENÉO7


[i]AXENÉO7, À perte de vue / Endless Landscape [Catalogue d’exposition], Gatineau, AXENÉO7, 2017, p.8.
[ii]D’autres activités ont eu lieu pendant l’évènement, en voici une liste plus précise : https://axeneo7.com/fr/horaire-des-activites-a-perte-de-vue
[iii]Le comité commissarial de l’exposition a été constitué de membres du centre d’artiste AXENÉO7 : Josée Dubeau, Catherine Lescarbeau, Geneviève Saulnier, Stefan St-Laurent, Jean-Yves Vigneau.
[iv]Pour voir une définition de ce concept, voir Michel Foucault, « Des espaces autres (conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967) », in Architecture, Mouvement, Continuité, n° 5, octobre 1984, pp. 46-49.
[v]Michel Foucault a proposé ce concept en octobre 1974, dans sa conférence donnée à l’Institut de Médecine sociale de l’Université de Rio. Il précise : « Le contrôle de la société sur les individus ne s’effectue pas seulement par la conscience ou par l’idéologie, mais aussi dans le corps et avec le corps. Pour la société capitaliste, c’est la bio-politique qui importait avant tout, le biologique, le somatique, le corporel. Le corps est une réalité bio-politique ; la médecine est une stratégie bio-politique ». Michel FOUCAULT, « La naissance de la médecine sociale », Dits et écrits, T. III, 1974, Paris, Gallimard, p. 210.
[vi]Il est possible de mentionner les persécutions des homosexuels tchétchènes envoyés dans des camps de concentration, comme l’a relayé Courrier international dans son article en ligne paru le 5 avril 2017 (Laurence Habay, « Russie. Vague de répression contre les homosexuels en Tchétchénie », Courrier international, 5 avril 2017. En ligne. . Consulté le 1er septembre 2017) ou encore, la tuerie du club gay Pulse d’Orlando en juin 2016, ayant fait 50 morts, dont le terroriste visait explicitement cette communauté. Malheureusement, cette liste est loin d’être exhaustive.
[vii]AXENÉO7, À perte de vue / Endless Landscape [Catalogue d’exposition], Gatineau, AXENÉO7, 2017, p.8. Texte complet disponible en ligne : http://www.paysage.qc.ca/activ/depays/pay2.htm